Telerama
Critique par Isabelle Poitte
Publié le 07/01/2020
Ce premier long métrage transforme la classique quête de popularité d’un lycéen de banlieue en une subtile histoire de deuil. Et de réinvention de soi.
On croit la connaître par cœur cette histoire du nouvel élève timide qui tente de se faire une réputation pas trop calamiteuse dans la jungle du lycée. Objectif : intégrer la bande des types populaires, et éviter à tout prix de finir par manger son steak-purée à la table des boloss… Mais c’est plus loin que Tom, le nouveau en question, nous entraîne dans le premier long métrage de Benjamin Parent, cocréateur de la série pour ados Les Grands, variation étonnante sur le thème incontournable des teen movies : la construction de l’identité.
Pour s’imposer, Tom compte sur les conseils de son frère aîné, Léo, archétype du mec cool, champion de basket vénéré par leur père, qui sait tout sur l’art d’être un homme, un vrai… Sauf que cette complicité rassurante comble en réalité une absence insupportable : Léo est mort dans un accident de voiture quelques mois plus tôt. Et ses conseils virent vite à l’injonction oppressante. Tom, garçon sensible et rêveur, n’a pas tant envie que ça de jouer le dur afin d’attirer l’attention de la fille la plus « stylée » du lycée ou de snober JB, l’impayable geek qui fait un pote digne de confiance. C’est finalement autant le poids du deuil et de la culpabilité du survivant que celui d’une virilité normative et dominante que le fantôme fait peser sur ses épaules…
Tout en injectant un peu des codes de la BD et du thriller fantastique dans la banalité du quotidien de la banlieue, Benjamin Parent filme des situations justes et drôles qui déconstruisent subtilement l’ordre sexué. Et montrent, sans rien asséner, ce que tout le monde peut y gagner.